Quand le vent forcit, ou pas

Flóki est un très bon marcheur. Par rapport à sa longueur il est plutôt large (3,65 m) ; l’avantage immédiat est d’avoir un très bel espace dans le carré – on y a fêté un nouvel an à 10 personnes ! Le cockpit est du coup très confortable lui aussi, même dans des conditions un peu musclées. Sa quille longue à bulbe (1,85 m de TE) lui permet de rester bien planté sur l’eau et de rester doux à la barre, même dans les rafales. Rien à voir avec notre ancien Feeling (326) qui n’était pas beaucoup plus petit, mais beaucoup plus léger et avec une quille relativement courte en trapèze (1,60 m de TE). Une petite bombe qui dansait beaucoup plus dans les rafales ! Par contre, autant notre Feeling était à l'aise dans un souffle d'air, autant Flóki a tendance à s'endormir.

  • Avis de vent frais

    On a grimpé dans les Beaufort les deux années précédentes et on s’est retrouvé un poil trop toilé sous 23 Nds et 30/33 en rafale. On avait pris 2 ris dans la GV et enroulé le génois sur le second repère (-20%). Résultat : 6h30 ponton à ponton de Boulogne à Dunkerque. Le bateau était très bien équilibré, mais il ne fallait pas trop insister.

    J’ai décidé de nous équiper d’un étai largable et d’une trinquette qui nous fera gagner en confort de navigation au près quand ça souffle, et aussi pour soulager le bateau. Rouler un génois permet juste de diminuer un peu la surface de toile, mais la voile n’est pas faite pour ça. Notre trinquette va aussi réduire la surface, mais recentrer les voiles près du mât et réduire la gite sans perte de performance. Et ça veut dire aussi assurer le confort et la sécurité.

    Pour le montage de l’étai largable il a fallu globalement 4 éléments :

    • Une ferrure en tête de mât pour la fixation de l’étai
    • Un étai (une douzaine de mètres). On a préféré un câble textile, tout aussi résistant que l’acier mais plus facile à manipuler.
    • Une ferrure de pont en arrière de la baille à mouillage. Le montage classique se fait avec une liaison avec l'étrave qui traverse la baille, mais pas sur notre bateau. On a la chance d’avoir pu installer la pièce spéciale de Bénéteau qui vient se fixer contre la paroi de la cabine avant. Du coup ça évite de passer un renfort à travers la baille (au risque de coincer la chaîne).
    • Un ridoir réglable. On a pris une version assez basique (pas le pélican) mais efficace. Je surveille toujours la météo et je préfère prévoir le pire à l'avance plutôt que d'aller faire le guignol sur le pont par F6. Je mettrai donc la trinquette à poste, tout comme je prendrai 1 ou 2 ris au départ quitte à rentrer l'étai largable et lâcher un ris en cours de route.

    On a eu quelques déboires avec l'étai. Initialement prévu en textile la commande n'est pas arrivée à temps. Notre shiphandler nous a donné l'étai au tout dernier moment sans même l'installer ; il avait toutefois installé un étai largable acier (encore heureux). Au moment du remplacement à Roscoff, enfer et damnation ! L'étai avait été taillé trop court d'une bonne dizaine de cm, bref du sale boulot dans les mesures. J'ai bricolé une boucle dyneema pour gagner de la longueur mais ce n'est pas vraiment pas idéal. On n'a pas eu l'occasion de tester la trinquette et on fera ça cette année si besoin.

    En plus des gilets de sauvetage qu’on ne quitte jamais en navigation, on a installé deux lignes de vie (fluo) et on s’est équipé de longes triples. Quand ça bouge un peu on s’attache systématiquement, même si on n’a pas à se déplacer sur le bateau. C'est d'ailleurs un réflexe qu’on a pris dès qu’il faut aller à l’avant, au pied du mât ou pour régler le charriot de génois. Le capitaine est très strict à ce sujet : personne sur le roof ou la jupe, gilet obligatoire avant de quitter la place et jusqu'à l'arrivée (sauf dans l'habitable), et toujours une main pour soi et un point d'accroche au bateau (longe).

    Donc quand le vent forcit, on fait encore plus attention à la sécurité personnelle et au bateau.

  • Un soupçon de brise

    On a découvert une voile toute neuve tire-bouchonnée et qui occupait un des plus grands coffres du bateau. Un spi ? Sûrement mais lequel ?

    J'ai de mauvais souvenirs du symétrique avec tangon et tout le tintouin. Donc a priori ce n'est pas pour nous et on avait presque décidé de s'en séparer et récupérer un coffre. Mais, c'était sans compter notre avancée au ralenti au milieu de la Manche et en pleine nuit. Vraiment pas équipés pour le petit temps. Au retour, j'ai pris le temps d'analyser le type de voile, de la sortir, de regarder comment c'était fichu et de surfer sur le web pour en apprendre plus.

    Eh bien, c'est un G2 Runner de North Sails, soit un spi asymétrique de route (ou gennaker) qui fonctionne grossièrement entre 120° et 160° du vent. Et en plus, livré avec chaussette. Plus question de nous en séparer ! C'est une voile quasi aussi facile que le génois alors on doit lui faire une belle place à bord.

    On a un double davier où on aurait pu l'amurer ;  j'ai préféré monter un bout-dehors pour mieux déporter la voile. La configuration est très simple et vient de chez Selden. On peut facilement rentrer le bout dehors et l'accrocher sur sa "cadène de repos".

    Les essais de 2021 en coisière ont été une belle découverte. C'est une voile qu'on n'hésitera plus à envoyer ; on garde en mémoire un magnifique Dielette - St Malo sous spi l'an dernier ! L'utilisation de la chaussette est très simple. On doit juste encore acquérir plus d'expérience sur les virements vent arrière ; quand ça ne passe pas je retourne à l'avant pour descendre la chaussette, passer le spi de l'autre côté et le renvoyer (en course on perdrait un temps précieux 😊).

Finalement avec la trinquette sur son étai largable, le troisième ris dans la GV, et le gennaker sur bout-dehors on peut répondre plus largement aux conditions météo et en tout cas ne pas limiter notre fenêtre de navigation au F3-F5.